Il s’en est fallu de peu pour que je ne prenne même pas la peine de photographier ce grand papillon (i.e. lépidoptère, ou même Lepidoptera si vous voulez jouer au scientifique latiniste).
La première observation s’est faite hier en fin d’après midi quand mon fiston a trouvé, et surtout pas touché des fois que ça morde, un énôôôrme papillon par terre juste derrière une roue de la voiture. Je l’avais alors délicatement poussé vers le mur (je parle du papillon). On était côté nord de la maison. Je m’étais dit que je le photographierais plus tard… et j’ai bien sûr oublié.
Encore heureux, ce jour en fin de matinée : le même (ou un autre individu ayant les mêmes caractéristiques). Bon ben là, forcément, plus d’excuse, on sort l’artillerie lourde. L’animal était accroché sur un mur plein sud, mais sous un rebord ombragé.
Quelques images quand même puisque vous êtes arrivés jusqu’ici :
De profil :
De dos avec une échelle :
De dos les ailes antérieures partiellement déployées laissant apparaitre les colorations vives des ailes postérieures.
Et là je parcoure des livres, des sites et ne comprends pas pourquoi cet animal qui ressemble à première vue à un sphinx n’apparait nul part. J’en suis même arrivé à photographier les pattes (ici le bout de la patte pro-thoracique gauche) des fois qu’il y ait un signe mystique avec le nom indiqué dessus.
Et même… no comment!
Mais non, rien de rien!
Il a bien fallu que je demande de l’aide, et c’est Gérard Boulay, que je remercie encore, qui a bien voulu s’y coller : non seulement ce n’est pas un sphinx, mais en plus il n’est pas français, plutôt uruguayen ou argentin, allez savoir. Bref, il s’agit de Paysandisia archon et il appartient à la famille des Castniidae.
Un autre critère pour vous permettre de comprendre avec les deux photos qui suivent, car j’ai courageusement fait monter la star du jour sur mon doigt (j’étais prêt à sacrifier l’index gauche seulement) histoire d’en savoir plus et de faciliter quelques prises de vue. Ceci dit c’était bancal et l’animal m’a regardé de travers.
De trois-quart profil pour commencer :
Puis de face :
Oui les écailles qui recouvrent son corps sont belles, il en manque quelques unes, ce qui témoigne du fait que cet individu n’est plus tout jeune.
Vous avez remarqué qu’il manquait quelque chose? C’est pourtant le cas, aucune pièce buccale, cet animal ne peut pas manger. Voilà pourquoi son corps est énorme, gorgé de réserves. Voilà pourquoi aussi il ne vole qu’aux heures les plus chaudes, car sinon il faudrait qu’il consomme de l’énergie supplémentaire pour échauffer les muscles alaires.
Oui c’est triste, il va mourir assez rapidement. Faut-il s’en plaindre? Les propriétaires de palmiers vous diront que non, mais c’est de toute façon trop tard pour leur plante. Plus haut j’ai indiqué que c’était une espèce originaire d’Amérique du Sud. Comme beaucoup d’espèces importées par accident, ce papillon n’a pas vraiment d’ennemi naturel. Que fait-il adulte alors? Il pond dans les palmiers. Voilà comment Paysandisia archon a acquis son titre de ravageur.
Pour terminer sur une note un peu plus positive, voici le détail d’une aile antérieure de ce papillon qui donne l’impression que ce dernier est recouvert d’une armure d’écailles.
Je vous laisse, j’ai un voisin à avertir et à mettre en garde pour son palmier.
Pour en savoir plus, j’ai trouvé cet article intéressant de l’INRA détaillant le cycle de vie de ce papillon.
Je suis devant le lycéee Méditerranée pour l’oral de français d’Ingrid et pour nous détendre nous avons regardé ton blog car à la radio on a parlé des moustiques. Très belles photos et j’espère tout de même qu’après avoir pris le papillon en photo tu lui as réglé son compte. Gros bisous à vous quatre, à bientot
Bonjour,
Merci 😉
Comme indiqué dans cet article il s’est envolé sitôt la chaleur suffisante.
C’est vrai que la question pourrait se poser, d’un autre côté le palmier non plus n’a rien à faire en France métropolitaine et sans palmier, pas de papillon, le problème est simple à résoudre finalement non? 😉