Si vous ne connaissez pas, où si, comme moi, ça fait trèèèèès longtemps que vous n’avez pas vu ce genre de zone, l’estran rocheux est LA zone à visiter… En évitant de se faire surprendre par la marée montante (et passer définitivement pour un touriste au sens péjoratif du terme).
Bien évidemment, si la tentation de ramasser est plus grande que celle de simplement regarder, la pêche à pied est réglementée.
Ceci étant dit, quel meilleur endroit que l’ile d’Oléron pour jouer au chercheur de trésors sur une côte rocheuse à marée basse, en ce début de moi d’avril, donc en dehors de toute période d’affluence touristique?
Premier point, le repérage de la zone d’activité.
Ici nous sommes partis du phare de Chassiron, à l’extrémité nord est de l’ile.
C’est vrai que vu comme ça, ça ne donne pas du tout envie, mais comme sur l’ile le vent chasse vite les nuages, le soleil revient vite et, après 224 marches et quelques 40 mètres plus haut, en regardant vers l’ouest (sujet au vertige et poids plumes ne résistant pas au vent s’abstenir)…
…Voici le spectacle.
Première chose, se munir d’un lutin…
… Et le laisser partir à la découverte de ce monde à part.
Notez bien qu’un seul lutin suffit car en moins de 5 minutes il crie « papa, vient voir ce truc bizarre! ». Le sol étant plutôt accidenté voire glissant (j’ai préféré les chaussures de rando aux bottes d’ailleurs – par contre les bottes sont vitales pour les lutins, d’ailleurs les waders seraient un plus, les bottes n’étant jamais assez hautes). Mais attention, car trop de lutins est risqué sauf si vous êtes chanceux comme moi, le second épaule alors le premier par un « tonton vient vite voir ce qu’on a trouvé ».
Bref, tout ça pour dire que la macro sur du rocher acéré et salé c’est dangereux pour le photographe et pour le matériel. En prime, j’ai dû me souvenir de cours de systématique d’il y a 20 ans (au moins).
Les premiers remarqués sont des mollusques, les chapeaux chinois ou patelles (Patella vulgata, Mollusca Gastropoda).
Après un moment, viennent ensuite les balanes (Balanus balanoides, Crustacea Maxillopoda Cirripedia), mais ce sont des crustacés.
D’ailleurs de près, ils offrent un autre visage.
Souvent, pour aller plus vite quand on est un lutin pressé, une version combo « 2 en 1 » est disponible : une patelle recouverte de balanes.
Puis on s’aperçoit qu’il y des escargots…. A pattes?! Ah oui, les bernards l’hermite, ce sont des crustacés eux aussi. Ceux là étaient très énervés, ils se battaient pour les coquilles.
On quitte le ring, puisqu’un autre cri urgent retentit sur l’estran :
Un crabe! Un crabe!
Ah! Ils ont commencé à farfouiller dans les algues et sous les pierres!
Il y en avait pour tous les goûts : des crabes enragés (Carcinus maenas, Crustacea Decapoda) en tenue de camouflage…
… Des juggernauts, enfin des xanthes à priori (Xantho sp., Crustacea Decapoda), avec des pinces impressionnantes…
Et tous recherchaient l’abri d’un toit minéral…
… Comme organique.
Puis l’alarme retentit encore :
Un machin tout mou qui bouge!
Exclamation immédiatement suivie en coeur par un Beurk fort bien articulé. Il s’agissait d’une aplysie, ou limace de mer, bref un escargot dont la coquille réduite est interne.
Le pauvre animal étant dans une petite flaque, les lutins se sont mués en secouristes et ont entamé la construction d’un barrage afin de lui agrandir sa piscine.
Bref, des jeunes qui s’émerveillent, ça fait du bien à voir!
Une fois le calme relatif revenu sur le vaste estran, il était possible de s’arrêter un peu plus longtemps autour de quelques mares salées temporaires.
En restant chez les animaux, on commence par les anémones de mer avec l’anémone chevaline ou tomate de mer (Actinia equina, Cnidaria Anthozoa) qu’on trouve aussi en Méditerranée pour les connaisseurs.
Sauf erreur de ma part, une autre anémone (Anemonia sulcata, Cnidaria Anthozoa) accompagnée cette fois d’une algue bien verte, la laitue de mer (Ulva lactuca, Plantae Ulvaceae)
L’oeil s’habitue enfin aux détails et on remarque alors d’autres animaux comme ce chiton (Lepidochitona cinerea, Mollusca) que je n’aurais pas vu bouger d’un millimètre tandis que le crabe à côté de lui gigotait dans tous les sens.
En étant encore plus attentif et aidé par un morceau de sandwich tombé dans l’eau, débarquent les nettoyeurs de l’extrême, les crevettes.
La crevette rose, enfin quand elle est cuite, ou crevette bouquet (Palaemon serratus, Crustacea Decapoda Caridea)…
… Et une autre, que je n’avais jamais vue, l’Athanas commune (Athanas nitescens, Crustacea Decapoda Caridea)…
… Capable d’adaptations chromatiques grâce à la présence de chromatophores. Dit autrement elle peut changer de couleur pour se confondre avec son substrat.
A ce propos, si vous regardez bien cette photo, vous verrez juste au dessus de la crevette Athanas une jeune étoile de mer, en fait une ophiure, que j’ai découvert…. En regardant la photo…
Dans le genre étrange, les constructions d’hermelles (Sabellaria alveolata, Annelida polychaeta).
Je n’ai pas compris tout de suite de quoi il s’agissait, je n’ai pas de plan large du travail accompli par ces vers marins.
Par contre les poissons eux, je les ai bien repérés, mais en sachant pas trop leur donner un nom scientifique adéquat, on va en rester au terme générique de gobie…
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