A n’en pas douter, ce titre sera long à justifier.
Dimanche 18 octobre était le festival La Ciotat 1720, mais loin de moi l’idée de réaliser un reportage là dessus. Ceci dit je me demande combien de personnes se demandent quelle est la signification de ce costume par exemple :
celui du médecin de peste avec son masque blanc caractéristique dont le bec était rempli de toutes sortes d’herbes aromatiques, histoire de ne pas respirer le mauvais air (pour les curieux, faites une recherche sur la théorie des miasmes en cours au XVIIIème siècle).
Après un rapide tour,
On a vite évacué le Jimouille de là car entre les coups de canon et de mousquet, les homologues canins de toute taille et de toute éducation, le coup de grâce a été donné par une petite fille qui montrait le Jim du doigt en hurlant :
Regarde maman, un renard!
L’insulte suprême pour un chien noir et blanc 😉
Bref, il fallait un peu de calme pour des oreilles hyper-sensibles.
Petit arrêt pour se dégourdir les papattes, en profiter pour attaquer les vagues (c’est marrant les vagues quand on les voit pour la première fois), tirer la langue à qui mieux mieux…
Et se demander ce que c’est que ce gros sable de couleur sur lequel on marche.
Mais non nigaud, ce sont des galets!
Ah? Mais d’où viennent-ils?
D’une rivière.
Et où est-elle?
Ca fait longtemps qu’elle n’est plus là!
(Oui je parle souvent à mon chien, en plus il me répond).
Ni une, ni deux, en avant vers une mine à galets que sont « Les Trois Secs » en passant par le parc du Mugel.
C’est un parc floral sympathique (apprécié des sangliers semble-t-il, ils y ont même installé une piscine à boue)…
avec des plantes locales telle cet agave en fleur.
Ce qui nous intéresse se voit partout sur les parois, on va donc commencer par une vue globale des Trois Secs depuis le ciel (photographie prise en mai 2012).
Et une vue plus « rétrécie » et de plus près depuis un belvédère : tout a donc commencé fini là pour les galets.
On surplombe la mer d’environ 100m, sujets au vertige s’abstenir…
Et je ne parle même pas des parpèles (du provençal parpel signifiant paupière) …
… Qui donnent une impression de fragilité à l’ensemble, tout en soulignant le côté lugubre du lieu. Ces parpèles ne sont pourtant que la preuve d’une érosion différentielle : les matériaux résistants bien à l’érosion sont restés, ceux moins résistants sont tombés… A une époque ou cette falaise était encore plus haute parce que la mer était plus basse.
… Il y a environ 100 millions d’années (âge qu’on appelle le Turonien) les galets constituants ces poudingues (assemblage de galets consolidés par un ciment)
ont été transportés là par un torrent. Comme rien n’est simple, ces galets sont disposées en couches…
… Inclinées vers le nord avec une forte pente : à cette époque nous sommes en limite d’un delta sous-marin!
En résumant, au Turonien, cette photo aurait été prise sous l’eau, bien que nous soyons actuellement à 100m au dessus du niveau de l’eau….
Et ce n’est pas tout. Ces trous béants dans le massif, on les appelle taffonis… a rajouter à l’aspect chaotique du lieu.
Ces formations sont également issues de l’érosion. Personne n’est venu graver là un smiley.
Mais rassurez-vous, il paraît que tout ceci est solide, il y a même des « rando-escalades » qui passent par là. Le seul danger, parait-il, étant de voir un de ces galets se désolidariser du poudingue…
Super! Mais le galet est fait en quoi?
Un indice, cette bruyère….
Préfère pousser sur les sols acides, ce qui en exclu le calcaire si courant dans cette région. Regardons un de ces fragments de galet d’un peu plus près.
Tiens, on dirait un assemblage de grains fins, comme du sable : c’est donc du grès. Et comme ce grès est très altéré en surface, car les galets sont très lisses, à ma grande surprise ça a été compliqué d’arriver à trouver un échantillon dans lequel les grains de sables étaient visibles (d’ailleurs j’ai du casser un galet pour pouvoir observer les grains). La couleur orangée étant due au fer oxydé entre autre. Histoire de donner une échelle, la photo suivante, non recadrée et prise au même grossissement que la précédente, montre une coquille d’escargot ne mesurant même pas 1 mm de diamètre.
Et si on continue, d’après la littérature ce grès daterait du Permien, ce qui nous renvoie entre 250 et 300 millions d’années en arrière… Mais ceci est une autre histoire 😉
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