Jardin public, un milieu impitoyable

Les images suivantes ont toutes été prises dans un parc public, le « jardin Jean-Baptiste d’Albertas » sur la commune de Gémenos (département 13). Comme vous pouvez le constater sur ce lien Google map, nous sommes plein centre ville (oui c’est une petite ville d’un peu plus de 6000 habitants).

Ce jardin est le lieu rêvé pour l’amusement des petits… et des papas photographes qui peuvent laisser le petit dernier refaire le tour de France autour du plan d’eau « à fond les manettes » ou se prendre pour un Sébastien Loeb à l’assaut de Pikes Peak. Accessoirement, le papa en question se fait toujours très vite abandonner par sa progéniture sitôt les grilles du parc franchies, il faut alors trouver une occupation.

Et si je sortais un appareil photo posé négligemment avec quelques objectifs dans un sac opportunément perdu sur une de mes épaules? Le hasard fait vraiment bien les choses.

Ce qui a aiguisé ma curiosité? Les habituelles hirondelles, les rustiques comme celles de fenêtre, en plein vol en rase-motte au dessus du plan d’eau : le matin c’est habituel. Cependant il y avait comme une agitation particulière, et un regroupement anormalement élevé d’oiseaux : il fallait que j’aille voir ça de plus près. Ne cherchez pas une photo d’hirondelle en vol, je n’ai franchement pas le niveau de suivre un tel oiseau derrière un viseur et une longue focale, encore moins sur un hybride, et les plans larges ne sont pas très esthétiques.

Voici donc l’origine de toute cette agitation : une fourmi!

Gyne Lasius_sp

E-PL5 : ISO 2500, focale 60mm, ouverture f/8, obturation 1/125s

Celle-ci et toutes ses centaines de « soeurs » sont toutes de lignée royale et surement presque toutes fécondées en vol par un mâle (chacune) : il y avait donc un essaimage de fourmis, des Lasius, surement des Lasius niger (Hymenoptera Formicidae) étant données les caractéristiques de l’individu photographié.

Caractéristique essentielle aux yeux d’un prédateur : ces fourmis sont gorgées de réserves et pour cause, une bonne source de protéines!

Il y en avait des centaines, elles étaient partout : dans les airs, au sol… et dans l’eau aussi, sans doute trompées par les reflets d’un matin ensoleillé.

Gyne Lasius_sp dans l'eau

E-PL5 : ISO 3200, focale 60mm, ouverture f/8, obturation 1/125s

Et là je vous vois venir, plaindre cette pauvre hypothétique future reine de colonie.

La pauvre!

La sortir de l’eau? Mais pour quoi faire?

Elle est capable de rester des heures dans cette très inconfortable position. D’ailleurs certaines y sont bien arrivées et, après avoir « perdu » leurs ailes (argument plaidant en faveur d’une fécondation réussie), elles ont escaladé le mur bordant le plan d ‘eau, et ce à toute vitesse comme le témoigne le flou de la photo suivante.

Gyne désailée Lasius sp

E-PL5 : ISO 1000, focale 60mm, ouverture f/8, obturation 1/125s

Bon alors, je nage à son secours ou pas? Il y a quoi dans cette eau?

Des choses assez terrifiantes sont visiblement sorties de l’eau. Ainsi cette exuvie de Sympetrum (Odonata Anisoptera) dont l’adulte est une libellule.

Exuvie de Sympetrum

E-PL5 : ISO 1000, focale 60mm, ouverture f/8, obturation 1/125s

Ou encore ce masque de la mort, qui est aussi une exuvie de demoiselle (Odonata Zygoptera) cette-fois-ci.

Exuvie de Odonata Zygopetera

E-PL5 : ISO 640, focale 60mm, ouverture f/6.3, obturation 1/125s

A la limite, ce n’est pas bien grave pour la gyne qui est encore dans l’eau. Par contre ceci est plus inquiétant : cette notonecte (Hemiptera Notonectidae), une punaise aquatique nageant sur le dos, a pour habitude de chasser sous la surface de l’eau.

Notonecte

E-PL5 : ISO 250, focale 60mm, ouverture f/5.6, obturation 1/125s

Et il y en a d’autres, mais sortir une épuisette puis se mettre dans l’eau est mal vu et même interdit, ce sera pour une autre fois dans un autre lieu.

Et si je la sortais de l’eau?

Je vous ai déjà parlé des hirondelles, mais il y a d’autres oiseaux comme cette bergeronette grise (Motacilla alba, Aves Passeriformes) tellement occupée à se remplir le ventre que pour une fois j’ai pu m’approcher un peu plus que d’habitude.

Bergeronette grise

E-PL5 : ISO 400, focale 300mm, ouverture f/6.7, obturation 1/250s

Allé, encore quelques prédateurs volants potentiels, bien que ces derniers volaient plus bas que d’habitude : allez savoir si c’était pour mieux attraper les fourmis ou pour mieux éviter les oiseaux.

On commence par une belle rouge, une magnifique libellule écarlate mâle (Crocothemis erythraea, Odonata Anisoptera Libellulidae) :

Crocothemis erythraea mâle

E-PL5 : ISO 200, focale 300mm, ouverture f/6.7, obturation 1/640s

Et on termine par une belle bleue, un Orthétrum réticulé mâle (Orthetrum cancellatum,Odonata Anisoptera Libellulidae).

Orthetrum cancellatum mâle

E-PL5 : ISO 200, focale 300mm, ouverture f/8, obturation 1/500s

Vous comprenez donc que cette pauvre Lasius est restée dans l’eau puisque mon intervention n’aurait pas changé grand chose sur sa destinée, j’aurais juste fait basculer la balance d’un côté ou de l’autre mais sans rien maîtriser.

De toute façon une énorme grenouille verte (surement une grenouille rieuse) me fixait avec un regard désapprobateur, donc bon, laissons les tous se débrouiller et contentons-nous d’observer!

Grenouille verte

E-PL5 : ISO 200, focale 300mm, ouverture f/8, obturation 1/640s

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