Je pense que tout le monde a déjà vu ce genre d’insecte. Il est souvent confondu avec une guêpe d’ailleurs, ça tombe bien, c’est le but.
Cet insecte est un syrphe (oui « un » et non « une »).
Mais d’où vient ce nom? Côté éthymologie, comme souvent en français le mot a une origine latine, ici syrphus, comme quoi on n’est pas allé cherché très loin. Comme souvent encore, ce mot latin a une origine grecque signifiant « mouche ».
Oui, le syprhe est une mouche, regardez à nouveau la photo du dessus : énormes yeux de mouche, 2 ailes, et à leur base (bien visible sur celle de droite) une sorte de tige jaune avec une boule au bout : un balancier (on parle aussi d’haltère). Le syrphe ne fait pas de musculation, mais il utilise ses haltères pour équilibrer son vol, car le syrphe vole vite et bien. Le syrphe possède ainsi deux ailes et deux balanciers, il appartient donc à l’ordre des diptères (littéralement : ceux qui n’ont que 2 ailes)… comme les moustiques, mais pas comme les guêpes.
Nous avons ainsi une mouche au look de guêpe posée sur une fleur, et quelle fleur, une du sud comme on dit : un ciste blanc (Cistus albidus, Cistaceae) reconnaissable… à ses fleurs roses!
Ok, la fleur est jolie, on en parlera une autre fois. Mais que fait ce syrphe sur cette fleur? C’est simple, il mange : regardez comme il a déployé son aspirateur buccal. Oui, le syrphe, tout comme l’éléphant, possède une trompe, mais elle ne sert pas du tout à la même chose. Pour le syrphe il s’agit d’un élément de sa bouche. On dit même plutôt que c’est une pièce buccale (la labium ici) qui joue le rôle de « trompe » aspiratrice.
Ben oui, le syrphe ne pique pas, ne suce pas le sang non plus, il boit du liquide sucré. Ce faisant, il se recouvre de pollen qu’il transporte ainsi d’une fleur à l’autre : le syrphe est un pollinisateur!
Tiens! c’est marrant ça! Regardez les antennes! On dirait une espèce de boudin articulé en 3 parties avec un cil dessus. Avant de me faire taper sur les doigts 😉 , ce n’est ni un cil, ni un poil, mais une soie qui termine chacune des antennes courtes composées chacune de 3 pièces que l’on distingue très clairement ici. En grec, court se dit brachy, et comme les naturalistes ont estimé que le boudin articulé ressemblait à des cornes est venu se greffer le mot ceros tout aussi grec. Au final, cette mouche de l’ordre des diptères appartient au sous-ordre des brachycères, c’est à dire les mouches qui ont des antennes courtes en forme de corne.
Ca devient compliqué. Ce syrphe mange, on voit un petit un truc sous ses yeux, mais ce n’est pas très clair. Une autre photo?
Toujours le même individu, la trompe plongée entre les étamines à la recherche du nectar. Convaincu? Vous ne voulez quand même pas que je le dissèque non? Non! Ouf!
Au fait, il a de sacrés yeux ce syrphe! en effet, ce sont des yeux composés, chaque petit point étant un oeil élémentaire ou ommatidie. Si ses yeux sont si énormes, il doit bien voler non?
Oui, il vole très bien, il fait même du vol stationnaire. C’est d’ailleurs à ça qu’on le reconnait facilement : il a les mêmes couleurs que la guêpe, mais il ne vole pas pareil et ne fait pas le même bruit.
Voici donc le syrphe ceinturé, aussi connu sous le nom de Episyrphus balteatus. Pourquoi ceinturé? Regardez les dessins sur son abdomen sur la première photo!
Cerise sur le gâteau, les larves du syrphe mangent des pucerons.
Si avec tout ça vous continuez à vouloir l’écraser avec une chaussure en le prenant pour une guêpe, je n’y comprends plus rien!
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