L’action trépidante se situe cette fois-ci quelque part dans le Lubéron, dans la même zone ou vous avez pu voir une orchidée gelée que je vous remets ci-dessous à température ambiante.
Tout naturellement je me dirige vers une zone bien connue, puisque l’année dernière j’avais pu y observer un grillon dans son logis.
Peine perdue, vue la quantité d’herbe et de débris qui encombrent l’entrée, celui-ci est vide.
Bon, bon, bon! Il ne me reste plus qu’à écouter, en espérant que certains soient adultes, ce qui n’est pas certain avec le temps de ces dernières semaines. La traque est épuisante : se déplacer lentement, à l’affut du moindre début de chant et chercher des trous. La prairie est encore rase, légèrement en pente, je choisis donc d’aller dans le sens de la descente, histoire que mon ombre n’atteigne pas les trous de grillon avant que je ne puisse les voir. Malheureusement, aucun chant! Ceci dit, je n’ai pas besoin de chercher très longtemps.
Un beau petit terrier tout propre, avec des marques d’activité récente puisque la terre à la sortie a manifestement été mise là après la pluie de la veille.
Installons-nous confortablement (vêtements étanches évitant/retardant l’entrée des tiques et des puces conseillés) : le couchage est du genre frais et humide. Voyons voir ce qu’il y a à l’intérieur, d’autant plus qu’il me semble apercevoir une silhouette qui m’épie dans cette obscurité.
Place à la technique dite « la brindille qui énerve ». Sommairement, le jeu consiste à faire entrer doucement une brindille souple dans le terrier, à l’agiter mais pas trop. Le grillon curieux sortira la tête en avant, l’agressif sortira en reculant exhibant des motifs plutôt rouges à faire peur un adversaire ou un prédateur potentiel.
Ooooooh mais tes ailes ne sont pas complètes, tes élytres non plus : tu es un petit jeunot toi! Et cette couleur tirant sur le bordeaux, tu ne viendrais pas d’effectuer une mue par hasard?
Voici donc un jeune dandy arborant des habits tout neufs qui n’ont pas encore pu prendre leur coloration définitive. Voici donc pourquoi je n’entendais pas striduler dans cette prairie, les élytres ne sont pas formées. Vous avez devant vous un jeune grillon champêtre (Gryllus campestris, Orthoptera Ensifera)… qui deviendra grand.
Le jeune garçon m’a l’air vif, il sort puis rentre, mais le fait qu’il soit sorti la tête la première me laisse penser qu’il est plus curieux qu’autre chose. Tentons de l’amadouer un peu, histoire de lui tirer le portrait de très près. Les choses sérieuses commencent donc, car il me faut tenir la brindille d’une main et l’appareil avec l’objectif bien lourd de l’autre main, beaucoup de flous en perspective.
Essai 1 : ouille j’ai coupé les mandibules et quelques palpes!
Essai 2 : mais qu’est-ce que tu fais dans ce sens?
Photo 3 : ah enfin, bien comme il faut, merci bien!
Voilà, il est temps de nous quitter, vous pouvez rentrer chez vous mon bon monsieur, et à très bientôt j’espère!