Nous sommes dans le massif des Ecrins avec une vue directe sur le Mont Pelvoux. La scène se passe vers 1500m d’altitude en février dernier : ce n’est pas vraiment une plaine baignée d’une chaleur estivale, et pourtant!
Le chemin, bien qu’étroit, est accessible sans les raquettes. La neige, encore présente sur ce versant ensoleillé, est tassée sur le chemin mais alterne avec les cailloux et la terre sur certaines portions. Il faut « juste » éviter de sortir du chemin.
Rapidement je note mes points de repère, le but de cette rando étant de préparer une sortie chamois prochaine. Je laisse ainsi sur ma droite cette cabane visiblement abandonnée.
Cabane dont le jardin boisé et touffu semble habité par un pic qui, malgré mon passage fort peu discret, prend soin de demeurer invisible tout en continuant à chercher sa pitance bruyamment.
J’arrive enfin à l’intersection visée sur la carte, là ou le GR rejoint la route totalement enneigée : il va falloir que je mette mes raquettes. Je m’assois donc, et en face de moi je perçois un mouvement : je m’immobilise, fouille du regard le tas de terre et de gros blocs rocheux constituant l’assise d’un chalet occupé l’été seulement.
Un lézard!
Nous sommes le 19 février, l’après-midi certes, en pleine haute montagne et je vois un lézard! J’abandonne l’idée de mettre les raquettes, dégaine l’appareil photo et tente une approche. Ca tombe bien, le lézard semble tout aussi surpris que moi il me laisse m’approcher un peu.
Pas facile à distinguer hein! Je profite du fait qu’il ne semble pas décidé à partir pour m’approcher. Chose prévisible : il s’enfuit, j’étais trop près. Je recule. Il ressort par un autre trou. Je m’approche de nouveau, plus doucement, il ne bouge pas mais me surveille : j’ai toute son attention.
Tiens! Tiens! Cet iris orange me rappelle une espèce! Il faudrait que je le prenne en photo de face pour être sûr de moi. Bien sûr, dès que je bouge, surtout d’aussi près, il s’enfuit de nouveau… pour ressortir par un autre trou!
Voilà! En regardant les écailles du museau (pour les connaisseurs, la rostrale et la frontonasale) j’ai la confirmation qu’il s’agit d’un lézard des murailles (Podarcis muralis). D’après ces photos, on peut même dire qu’il s’agit d’un mâle car sa robe présente des motifs mouchetés (merci à André Joyeux pour cette dernière information).
Que faisait-il là : le fait qu’il s’aplatisse complètement sur un rocher exposé au soleil, comme sur la photo ci-dessus, ne trompe pas : il recherche la chaleur. D’après le livre « Les Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse » il s’agit d’un comportement normal à cette saison et dans un tel milieu.
Ayant passé plus d’une heure à admirer le bellâtre lézarder ainsi, il est trop tard pour continuer, l’après-midi est trop avancé et ce ne serait pas très prudent de monter plus haut dans le massif. Je redescends donc, content d’avoir fait une telle rencontre.
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