Parce qu’au matin froid succède une journée ensoleillée… Comme partout ailleurs.
Du côté des pâquerettes le sommeil était encore de mise…
… La lumière dorée s’intensifiait, tout commençait à s’animer, depuis les narcisses qui donnaient de la voix…
… Jusqu’au lilas dont le parfum enivrait l’air.
Cependant, quelque chose se préparait chez les abeilles. Les butineuses n’étaient pas toutes sur le chemin du nectar ni sur celui du pollen. Le rucher était en pleine effervescence, des cadavres s’accumulaient devant l’entrée…
Ca se bagarrait devant la porte…
… Plus la température montait, plus ça chauffait devant le rucher…
… Jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’une abeille plus grande que les autres volait devant la ruche. Qu’avait-on là? Une tentative d’invasion de ruche? Une tentative de pillage de réserves? Un début d’essaimage chaotique? Je ne le saurais jamais, ayant préféré m’écarter avant que lutins et/où chiens ne viennent voir ce que je faisais depuis tout ce temps aussi près d’une ruche.
Les lutins justement, venons-y.
Comment occuper un lutin quand il fait chaud, qu’on dispose d’un immense champ en jachère devant les yeux et que des chants s’en échappent depuis de multiple trous. Partons à la découverte des chanteurs minuscules!
Etape 1 : repérer un trou chanteur. Tout se passe à l’oreille avec le pied léger.
Etape 2 : le trou repéré, s’armer d’une brindille souple et sonder le trou qui a cessé de chanter.
Vu de plus près, le geste est peu technique : faire entrer délicatement la brindille dans le trou. C’est donc à la portée de tous, même des plus maladroits.
Etape 3 : le coatch sportif encourage le lutin pour qu’il ne se décourage pas, c’est parfois long.
Etape 4, finale : ne pas hurler, ni crier, ni sauter, ni s’enfuir… Dès que quelque chose se décide à bouger dans le trou.
De façon générale, un petit cuirassé passablement énervé finit par sortir voir qui est le malotru qui ose le déranger, pensant surement que la brindille souple tapotant sur les parois de son antre correspond aux antennes d’un concurrent.
Il sort donc en marche arrière, exhibant les tâches rouges féroces.
Sort parfois entièrement, fait demi-tour et constate qu’il n’y a rien (le lutin est alors en mode statue muette).
Et c’est alors que vous apercevez quelque chose qui n’est pas du tout logique : une tarière de ponte à l’arrière de l’animal.
Nous avons donc devant les yeux un magnifique grillon champêtre (Gryllus campestris, Orthoptera Ensifera Gryllidae) femelle adulte. Pour la petite histoire le terme Ensifera, littéralement porteur d’épée est à attribuer à cette fameuse tarière de ponte, sorte de tuyau permettant de percer le sol et déposer les oeufs en profondeur.
Alors avec le lutin on s’étonne : comment a-t-on pu repérer le trou d’une femelle qui, par définition, ne chante pas puisque ce rôle est dévolu aux seuls grillons mâles?
Miss grillon nous a alors affirmé qu’elle n’avait pas de colocataire, que c’était bien sont trou à elle, mais que dans le trou d’à côté on trouverait notre bonheur.
Comme elle était serviable, on s’est regardé d’un air entendu avec le lutin, et pendant qu’il lui faisait la conversation avec une brindille, je dégainais l’objectif adéquat pour lui tirer le portrait. Devant les flashs crépitants, la belle nous a carrément fait de l’oeil.
Relevant enfin la tête, j’ai remarqué une forme jaune étrange, mi-papillon mi-libellule, voleter dans les hautes herbes.
J’ai donc laissé là le lutin qui avait entrepris de faire la connaissance d’autres grillons et je suis allé enquêter.
En fait de libellulo-papillon, il s’agissait d’un ascalaphe soufré (Libelloides coccajus, Neuroptera)…
… Et dans le cas présent c’était un beau mâle. Mais comme il ne se laissait pas approcher, j’ai dû me tourner vers un de ses congénères qui me faisait des signes…
… Ca tombait bien, il était moins pâle donc plus soufré. De plus il a eu la gentillesse de m’indiquer son meilleur profil. Je me suis exécuté avec plaisir.
La chaleur augmentant, les pâquerettes étaient maintenant bien réveillées et grandes ouvertes.
Les butineurs étaient donc sortis, comme cette osmie, cousine des abeilles, ici sur une fleur de pommier…
Ou encore cette autre abeille solitaire, dont j’ignore le nom, peut être qu’il s’agit de Heriades sp. truncorum (Megachilidae) mais sans certitude, qui passe du noir au jaune le corps entièrement recouvert de pollen : allergiques, s’abstenir!
Notre balade du jour peut donc continuer, car il y a beaucoup d’autres choses à découvrir, notamment un petit cours d’eau voisin, mais là encore, il s’agit d’une autre histoire.
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